La culture noire à Salvador de Bahia
Actuellement capitale de l’Etat de Bahia, Salvador est une ville brésilienne où la culture africaine prédomine à tous les niveaux. Elle se veut d’ailleurs d’être une référence pour le tourisme ethnique et promeut, dans tous les domaines la culture héritée des esclaves. Cap sur cette ville hautement métissée, riche en traditions et en couleurs.
Salvador de Bahia, première capitale du Brésil
C’est en 1549 que le Portugais, Tomé de Sousa le déclare première capitale du Brésil. La ville garde ce statut jusqu’en 1763, année durant laquelle Rio de Janeiro lui ravit le titre avant de le passer à Brasilia.
Pendant qu’elle a été capitale du pays, Salvador a prospéré grâce à la culture de canne à sucre. Cette exploitation était telle qu’elle a dû chercher de la main d’œuvre ailleurs, les Amérindiens ne voulant pas trop travailler pour les colons. Ces derniers eurent donc l’idée d’exporter des esclaves noirs depuis l’Afrique. Pendant plusieurs décennies, les esclaves arrivaient en masse au Salvador pour rejoindre l’une des exploitations de la ville. C’est à cette époque qu’elle devint une plaque tournante de l’esclavage.
Quand finalement l’esclavage fut aboli et que le Brésil recouvre son indépendance, la majorité des esclaves sont restés dans leur pays d’adoption et particulièrement à Salvador, même si cette dernière a vu passer les souffrances qu’ils ont endurées durant l’esclavage.
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Salvador, une ville marquée par l’esclavagisme
Après la perte de son statut de capitale, Salvador est tombée dans l’oubli. Pendant près d’un siècle, elle n’a guère développé et est même devenue une ville dangereuse et délabrée. A partir des années 90, un important effort de nettoyage et de restauration a été mené notamment dans le quartier du Pelourinho. Le nom de ce dernier signifie « Petit pilori », car ce fut en ces lieux que les esclaves furent jadis punis sévèrement.
Malgré ce triste passé, la ville a fini par être totalement restaurée pour recouvrer sa splendeur d’antan. L’Unesco a même déclaré son Centre historique, patrimoine mondial de l’Humanité.
Aujourd’hui, Salvador se divise en deux niveaux, la « cidade alta » et la « cidade baixa ». Les deux sont reliées entre elles par l’Elevador Lacerda, un énorme ascenseur que les Bahianais empruntent tous les jours pour se rendre au travail. Si la ville haute fait surtout office de lieux d’habitation, la ville basse regroupe les hôtels, entreprises et les bureaux.
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Salvador, une ville afro-brésilienne
Au fil des ans, les esclaves noirs se sont intégrés progressivement au sein de la population locale entraînant un fort métissage. De nos jours, on estime à 80 % les habitants descendants des esclaves noirs. Il n’est donc pas surprenant d’y voir que la majorité des Bahianais affichent les traits et même le teint des Africains. Ils ont également hérité de la culture et des traditions de ces derniers. Aujourd’hui, lorsqu’on se promène à Salvador, on retrouve non seulement la gastronomie africaine, mais aussi leur danse, leur religion et bon nombre de leurs festivités.
Salvador de Bahia, une porte de l’Afrique
Salvador de Bahia est actuellement la plus grande ville de la région Nordeste brésilien et la quatrième ville la plus grande du pays. Elle figure parmi les destinations de vacances préférées des touristes qui y viennent pour profiter de ses superbes plages, plonger dans son environnement verdoyant et vivre sa culture riche et variée.
Malgré tous ces bons points, la ville ne compte pas s’en contenter, car elle s’est lancé dans un autre pari assez original : servir de porte de l’Afrique pour les villes du monde où vivent également une importante population noire. C’est notamment le cas des Etats-Unis, de Philadelphie, de New-York et d’Atlanta.
Chaque année, une grande majorité de citoyens noirs issus de ces quatre villes viennent à Salvador pour essayer de remonter à leurs origines. Il faut dire qu’au temps de l’esclavage, Bahia a été la région la plus proche des côtes africaines. La grande majorité des navires transportant des esclaves ont donc forcément fait escale dans la région et c’est de là que sont ensuite partis les autres esclaves pour essayer d’atterrir dans d’autres villes une fois libres.
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Aujourd’hui, son concept de « porte de l’Afrique » séduit de plus en plus et ce, à juste titre. Non seulement, les touristes noirs renouent avec leurs traditions à Salvador, mais ils peuvent, en plus profiter des plages, des activités nautiques et des festivités hautes en couleurs.
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Salvador de Bahia, berceau de la culture afro-brésilienne
Capoeira, candomblé, acarajés, blocos afro, … ce sont tous des termes que les Brésiliens connaissent bien et qu’ils ont adopté comme étant leur propre culture, mais qui en réalité, ont des origines africaines.
- La capoeira :
Il s’agit d’un art martial considéré autrefois par les colons Portugais comme une danse traditionnelle, mais qui en réalité, cache des techniques de combat. Aujourd’hui, la capoeira est devenue un art emblématique du Brésil, mais rappelons que chaque pas, chaque technique et même la musique de base sont d’origine africaine. L’histoire raconte d’ailleurs que c’est une lutte qu’on enseignait jadis aux soldats Africains. En arrivant au Brésil et pour essayer de faire face à leurs propriétaires, les esclaves ont continué à le danser et à le performer au fil des ans sans que les colons se doutent de ce qu’elle recèle réellement.
En arrivant à Salvador aujourd’hui, vous découvrirez de nombreuses écoles de capoeira et des jeunes qui proposent dans les rues, des démonstrations.
- Le candomblé :
Il s’agit d’une religion africaine exportée au Brésil, en même temps que les esclaves. Le candomblé se base sur le culte de divinités que l’on appelle les orixas. Chaque orixa est associée à un élément de la nature ou à un caractère.
La meilleure manière de découvrir cette religion à Salvador c’est d’assister à la fête du lavage à l’église de Nosso Senhor de Bonfim. Durant cette festivité, les femmes, habillées en blanc, nettoient les marches de l’église selon les consignes du candomblé.
Il faut savoir que la religion africaine s’est petit à petit mélangée à la religion brésilienne donnant une certaine forme de syncrétisme.
- Les acarajés :
Il s’agit d’un plat typique de la région de Bahia. Ce met prend la forme de petites brioches de manioc que l’on farci avec des légumes épicés et des crevettes avant de les faire frire dans de l’huile de palme. Ils sont servis chauds avec une sauce au poivre.
Dans les rues de Salvador, vous n’aurez aucun mal à en déguster, car bon nombre de femmes bahianaises, des afro-brésiliennes pour la plupart, en vendent vêtues de leurs amples habits blancs et portant sur la tête un turban très ressemblant à celui des femmes Africaines.
- Les « Blocos afro » :
Quand vient le Carnaval de Salvador, celui qualifié de plus grande fête populaire au monde, tout le monde se prépare au rythme proposé par les « blocos afro ».
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Il faut savoir que durant le Carnaval, ce sont des blocos, des sortes de camions transportant des sonorisations puissantes, qui animent toute la ville de Salvador. A bord de ces camions, on retrouve des Djs, des animateurs, des orchestres et des chorégraphes qui mènent la danse. La population marche tout autour d’eux pour se déhancher, s’amuser, faire la fête en toute convivialité. Le terme « blocos afro », se réfère à ces gigantesques camions qui proposent au public une animation très afro-brésilienne.
C’est un autre vestige de la culture afro-brésilienne à Salvador. Cette institution relate l’histoire de l’esclavagisme au Brésil et raconte comment Bahia est devenue le berceau de la culture noire au Brésil.
Et toujours en termes d’institutions culturelles, sachez que la ville est aussi surnommée la « Rome noire ». Rome pour se référer aux plus de 360 églises qu’elle abrite et « noire » pour se référer à sa population.