Favela : les bidonvilles du Brésil

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Favela Rio de Janiero

Quand on me parle de « favelas », je pense tout de suite au Brésil. Après y avoir séjourné pendant des mois, j’ai eu l’occasion d’en visiter quelques-unes, essentiellement à Rio de Janeiro et à Salvador de Bahia. Ces villes ne sont toutefois pas les seules à en abriter puisque presque dans toutes les villes du pays, on trouve ces maisons situées en hauteur dans un chaos indescriptible.

Qu’est-ce qu’une favela ?

Le terme « favela » désigne ce que nous appelons bidonville chez nous. Les favelas brésiliennes sont les quartiers les plus pauvres du pays et malheureusement, il y en a partout. Malgré la précarité, la pauvreté et parfois même l’insécurité qui règnent en ces lieux, certaines d’entre elles sont accessibles aux touristes tandis que d’autres sont à éviter. Si vous avez des amis de confiance qui y vivent, vous pouvez toutefois leur demander de vous faire visiter.

Comment les favelas sont-elles nées ?

Durant la guerre de Canudos, entre 1896 à 1897, les soldats se sont installés sur le Morro da Favela, dans la région de Bahia. La colline était nommée ainsi du fait de la présence d’une plante qui y poussait massivement à savoir la favela. En réalité, les soldats l’occupèrent, de manière illégale, depuis 1890. Ils ont agi ainsi pour réclamer leur solde auprès des autorités de la capitale fédérale, mais ces dernières restèrent sourdes à leur protestation.

En 1897, ils décidèrent alors de quitter le Morro da Favela pour se rendre à Rio de Janeiro. Là, ils choisirent une autre colline, le Morro da Providencia pour s’installer, également de manière illégale. Pour attirer l’attention des autorités, ils y construisirent des logements avec des matériaux de récupération. Au début, leur installation était signe de résistance, mais au fil des ans et sans aucune réponse des autorités, leur campement s’agrandit et vit venir de nouveaux habitants.

Parmi ces derniers, on retrouve des anciens esclaves noirs et des habitants issus des zones rurales pour espérer trouver un travail à Rio de Janeiro. Les habitants pauvres de la ville ont également décidé de les rejoindre, car ont été chassés du centre-ville durant les campagnes sanitaires qui ont détruit de nombreux logements défavorisés.

En souvenir du Morro da Favela qu’ils ont longtemps occupé dans l’État de Bahia, les soldats ont repris ce nom pour désigner leur nouveau site d’occupation. A partir de 1909, il fut adopté de manière officielle pour désigner les quartiers pauvres du pays.

Favela Rio de Janiero

A quoi ressemblent les favelas ?

De nos jours, Rio de Janeiro n’est plus la seule à abriter des favelas. On en trouve un peu partout dans les grandes villes que ce soit à São Paulo, à Salvador de Bahia, …

Même si leurs emplacements géographiques diffèrent, elles adoptent à peu près le même style : un entassement de logements sur les hauteurs de la ville. Les logements sont tous conçus dans des matériaux que les habitants récupèrent ici et là.

Il faut souligner que même si on généralise ces quartiers des collines comme des favelas, certaines sont plus défavorisées que d’autres. Parmi elles, certaines font même l’effort d’être accueillants envers les touristes pour pouvoir développer le quartier.

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Les favelas : des zones malfamées ?

Oui et non. La majorité des favelas ne sont pas trop tourist-friendly ou même strange-friendly, mais certaines proposent toutefois des circuits de visite pour faire découvrir aux touristes leur mode de vie. Il faut également souligner que parmi elles, certaines favelas sont plus modernes et plus propres. Dans la majorité des cas, les habitants eux-mêmes décident de faire avancer les choses, car même si le gouvernement leur accorde quelques aides, ces dernières ne suffisent pas pour améliorer leur cadre de vie. D’ailleurs, la majorité des favelas fonctionnent un peu de manière autonome et s’organise en interne pour redorer l’image de leur quartier.

En ce qui concerne le lien entre les favelas et les trafiquants de drogue, on vous l’accorde, c’est le cas de certaines favelas, mais on le souligne une fois de plus, il ne faut pas généraliser. De plus, de nombreux organismes mènent, depuis des années, des efforts de pacification au sein de certaines favelas.

Les favelas : un phénomène qui se développe au Brésil

Bien que le Brésil figure parmi les dix économies mondiales, près du tiers de sa population vit dans une extrême pauvreté dans les favelas. Ces dernières ne cessent d’ailleurs de gagner du terrain et de s’agrandir.

Durant une certaine période, le gouvernement a tenté d’éradiquer ces quartiers qu’il juge dénaturer l’image des grandes villes comme Rio de Janeiro, mais le phénomène est désormais hors de leur contrôle étant donné que les habitants s’y sont habitués et y ont construit toute leur vie.

On compte désormais plus de 800 favelas, rien qu’à Rio de Janeiro ce qui prouve à quel point le phénomène est énorme.

Les favelas : des lieux à découvrir ?

Je vous le recommande fortement. Je ne vous dis pas de vous aventurer seul dans la première favela venue, mais de vous informer auprès de vos hôtes Brésiliens, des agences de voyage et de vos amis Brésiliens pour savoir quelles favelas vous pouvez visiter sans risques. Dans mon cas, j’ai pu visiter les favelas suivantes et, à chaque fois, j’ai été charmé et séduit par l’accueil chaleureux des habitants.

La favela Santa Marta :

Elle se trouve à Rio de Janeiro, à proximité du quartier de Botafogo. C’est l’une des premières favelas à avoir été pacifiée au Brésil et de nos jours, elle est devenue un site incontournable lors d’un séjour dans la Cidade Maravilhosa alias, la belle Rio.

Pour en découvrir les merveilles, mieux vaut vous faire accompagner par un guide local. Par guide local, j’entends un jeune favelado issu de cette favela-là. C’est la meilleure manière pour vraiment connaître son histoire, le quotidien des habitants et les lieux que même les tours opérateurs ne connaissent pas. Il faut savoir qu’en 2010, le gouvernement brésilien a formé de nombreux jeunes du quartier pour faire office de guides accrédités. En les recrutant, non seulement vous participez à l’essor de l’endroit, mais vous donnez aussi du travail à ces jeunes, pour la plupart, au chômage.

Depuis la pacification des lieux, la favela Santa Marta a quasiment changé de visage. Cela a commencé avec le funiculaire qui la relie désormais avec la cidade baixa. Ne vous contentez pas de prendre ce transport en commun, mais prenez le temps d’admirer la vue. Celle-ci donne sur les belles plages de Rio étant donné que la colline surplombe les plus importants sites de la ville comme les plages d’Ipanema et de Copacabana.

Une fois arrivé sur place, les découvertes commencent par (à ma grande surprise) une statue du roi de la Pop, Michael Jackson. Face à ma surprise, mon guide, tout fier de voir ma tête, me dit que c’est parce que le chanteur a tourné, en 1996, une partie du clip de « They don’t really care about us » dans la favela.

Nous passons ensuite sur la Praça Cantão et là, c’est l’explosion de couleurs. Les maisons sont quasiment aux couleurs de l’arc-en-ciel. Ce sont les artistes Haas & Hahn qui les ont peintes dans le cadre d’un projet communautaire et artistique. De là, on a pris à nouveau le téléphérique pour monter encore un peu plus au sommet. Ce dernier fait office d’incontournable point de vue. Sur place, des agences proposent de faire une partie de paintball, mais j’ai préféré passé mon tour. A la place, on a loué un VTT pour descendre la piste.

La favela Santa Marta

La favela de Vidigal :

Sise sur le Morro Dois Irmãos, c’est dans cette favela que je suis tombé sur un vieil ami globetrotter qui a décidé d’y poser ses valises pendant quelques mois. Il m’offre l’hospitalité et me fait découvrir le quartier.

Vidigal est, sans nul doute, l’une des favelas les plus stranger-friendly au Brésil. J’ai rencontré de nombreux étrangers à Santa Marta, mais ici, il y en a encore plus. Ce qui m’a le plus surpris c’est que même s’il s’agit d’une favela, même les Cariocas les plus aisés viennent y faire la fête. Il faut avouer que l’ambiance n’a pas son pareil et toutes les nuits, même durant la journée, le quartier est toujours très animé.

Du haut de son sommet, on a une vue à 180° sur l’océan Atlantique. Un vrai bonheur !

La favela Tavares Bastos :

Après Vidigal, je croyais avoir vu le summum de la fête au Brésil, mais je me trompais. Tavares Bastos est encore plus fêtarde et d’ailleurs, elle a déjà été la scène de nombreux tournages de films et de clips vidéo. Toutes les nuits, les discothèques et autres clubs de la favela s’animent tantôt au son du baile Funk brésilien tantôt au son de la samba.

En m’informant un peu plus sur son histoire, on me dit que c’est à un Anglais qui s’est installé dans la favela dans les années 80 que la tavela doit cette réputation de fêtarde. Pendant près de 20 ans, l’homme a travaillé pour bâtir son empire. Il s’agit d’un guesthouse à neuf étages avec un rooftop bar insolite en son genre dans une favela. Là encore, on rencontre des personnes aisées qui préfèrent y monter afin de s’amuser.

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