La Bossa Nova : un mouvement musical influent au Brésil

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« Bossa Nova » … c’est le terme utilisé pour indiquer ce genre musical né au Brésil et inspiré de la samba, du jazz et du classique. La traduction de ce terme reste un peu caduque, mais globalement, cela signifierait « nouvelle vague » ou « nouvelle tendance ». Même si la naissance de cette musique s’est faite un peu de manière simpliste, elle a soulevé un mouvement d’ampleur auprès des habitants. Retour sur l’origine et le parcours de la Bossa Nova.

Une réinvention de la samba

Samba

La Bossa Nova est née autour de l’année 1957 auprès de jeunes musiciens qui aimaient se réunir pour expérimenter d’autres choses tout en s’amusant. A la base de leur réunion, on retrouvait la samba qui faisait alors fureur au Brésil. Mais il n’y a pas eu qu’elle. C’est aussi à cette époque que les musiciens brésiliens découvrent le jazz, ce genre musical en vogue aux Etats-Unis.

D’improvisation en improvisation, ils sentent qu’un nouveau genre musical commence à voir le jour, mais il n’a pas encore de nom précis. D’ailleurs, sa composition entière est encore floue, mais ce qui est sûr, c’est qu’une nouvelle musique est bien en train d’éclore.

En 1957, ces jeunes artistes préparent un concert au collège israélo-brésilien de Rio de Janeiro. Pour se présenter, ils indiquent seulement sur les affiches « Grupo Bossa Nova apresentando sambas modernos » ce qui signifie littéralement « Groupe Nouvelle Vague présente des sambas modernes ».

C’est là que le terme « Bossa Nova » est apparu pour la première fois, mais il ne se référait pas encore à la musique jouée. Il indiquait seulement une nouvelle tendance ou une nouvelle vague de musiciens qui présentent une version modernisée de la samba.

D’ailleurs, si on devait traduire clairement le terme, on ne sait pas trop s’il signifie nouvelle vague, nouvelle tendance ou nouveau truc. Ce qui est certain c’est que c’est nouveau.

La Bossa Nova, plus une manière de chanter qu’une musique ?

João Gilberto

Après ce premier spectacle donné, il a fallu attendre l’année 1958 pour que la Bossa Nova soit créée et reconnue officiellement en tant que genre musical. Pour l’obtention de cette reconnaissance, on doit retenir quelques noms :

Il s’agit d’un jeune guitariste originaire de Bahia qui a repris le titre Chega de Saudade. A l’origine, il s’agit d’une samba dont la musique a été composée par Tom Jobim, les paroles formulées par Vinicius de Moraes et la chanson interprétée par Elizete Cardoso.

Repris par l’artiste bahianais, la mélodie ne se compose plus que d’une seule guitare, les paroles se transforment en des phrasés utilisant maintes fois des contretemps peu conventionnels et la voix est à peine audible, voire souffreteuse et sans vibrato.

Bref, la samba d’avant était à peine reconnaissable tant l’artiste jouait du minimalisme pour sa réinterprétation. Quoi qu’il en soit, il use très habilement de sa guitare et sa façon de chanter ou de dire les paroles donnent un nouveau style au morceau.

C’est cette simplicité alliée à la sophistication qui définissent globalement la Bossa Nova. Selon João Gilberto qui se dit être, avant tout, chanteur et musicien de samba, la Bossa Nova n’est qu’une manière de chanter des chansons. Même si par la suite, il est considéré comme l’un des précurseurs de ce genre musical, il maintient à dire que cela reste de la samba, mais juste interprétée différemment.

  • Le duo Tom Jobim (de son vrai nom Antônio Carlos Jobim) et Newton Mendonça :

A la même époque, Tom Jobim et Newton Mendonça sont deux amis réunis par la musique. Ils aimaient se retrouver pour jouer de la musique tout en s’amusant. Leur travail, les emmenant souvent à accompagner de piètres chanteurs, leur ont donné une idée un peu saugrenue : composer une samba tellement sophistiquée que les « mauvais » chanteurs qu’ils accompagnaient seront incapables de chanter. C’était une idée un peu tordue pour punir ceux qu’ils considéraient « agresser le bon goût musical ».

Si au début, il s’agissait d’une petite vengeance de leur part, au fil du temps, des paroles ont été rajoutées à la musique qui commençait aussi à bien se structurer. Au final, le tout est devenu plus cohérent qu’ils décidèrent de l’enregistrer.

A ce stade, ils firent appel à João Gilberto pour l’enregistrer en novembre 1958.

Ce premier morceau fut le premier cahier de charge gravé de la Bossa Nova et ce terme fut finalement adopté pour désigner ce nouveau genre de musique. Ses précurseurs avaient l’ont tout naturellement baptisé en disant : « Isto é bossa nova, isto é muito natural » ce qui signifie « ça c’est la Bossa Nova, c’est très naturel ».

Les chanteurs de Bossa Nova, des « desafinados » ?

Bossa Nova

Le terme « desafinados » est celui que ceux qui pourchassaient la Bossa Nova utilisaient pour dire que les chanteurs de cette nouvelle tendance musicale « chantaient faux ».

Pour répliquer contre ce préjugé, un des premiers morceaux enregistrés a été intitulé « Desafinados ». Chacune des paroles ripostent alors de ces attaques injustifiées pour s’entendre à dire que la Bossa Nova a bien un cœur et un esprit transmis par ses auteurs.

La popularisation de la Bossa Nova

Le premier disque enregistré en 1958 à Rio a été intitulé Chega de Saudade. Il n’a été lancé à São Paulo qu’en 1959.

Sur ce premier disque, João Gilberto se retrouve au micro pour chanter des chansons de Tom Jobim, de Vinicius de Moraes, de Newton Mendonça, de Carlos Lyra et de quelques compositions personnelles. Il reprend également quelques sambas dont un titre de Dorival Caymmi.

Si ce disque a déjà permis à la Bossa Nova de se faire connaître du public, c’est la collaboration de Gilberto avec Stan Getz en 1963 qui la lance au-devant de la scène mondiale grâce à l’album intitulé Getz/Jobim. Sur ce disque, on retrouve tous les grands titres qui ont fait la renommée planétaire de la Bossa Nova tels que A Garota de Ipanema, Desafinado, Corcovado, O Grande Amor, …

Quelques années plus tard, en 1974, un autre album intitulé Elis & Tom de Tom Jobim et Elis Regina, renforcera encore la belle réputation de la Bossa Nova.

Les influences de la Bossa Nova

La Bossa Nova est donc une réinvention de la samba, mais pas que. Elle s’inspire également d’autres styles musicaux comme :

  • Le jazz : il faut savoir que dans le milieu musical, Tom Jobim avait de nombreuses relations avec des musiciens de jazz dont Newton Mendonça avec qui il compose quelques titres de Bossa Nova dont le célèbre Desafinado
  • Le classique : si l’influence de la samba est incontestable et l’influence du jazz prouvée, l’influence du classique sur la Bossa Nova reste très légère, mais quand même présente. Il faut dire que Tom Jobim s’est toujours considéré comme de tradition classique d’où cette légère orientation. Si l’on ne considère, par exemple que A garota de Ipanema ou Insensatez, on y trouve un peu de Chopin ou de Debussy si on tend bien l’oreille

 

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