Berimbau : ce qu’il faut savoir sur le Berimbau

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Issu de la famille des cordes frappées, le Berimbau est un instrument musical indissociable à la capoeira. Comme cet art martial, il est d’origine africaine et d’ailleurs, des variantes sont aujourd’hui encore utilisées dans divers pays de l’océan indien. A quoi ressemble le berimbau et quel rôle joue-t-il dans la capoeira ?

Le Berimbau : à quoi ressemble-t-il ?

le Berimbau

Le Berimbau prend la forme d’un arc composé de :

  • Une « vergue » que l’on appelle aussi « fare » ou « biriba » :

Certains pensent que c’est à ce dernier qu’il doit son appellation, mais d’une manière générale, on pense que son nom est issu de la guimbarde.

La vergue est un bâton issu du bois de biriba. De forme courbée, sa longueur peut varier de 1, 30 à 1, 70 m pour un diamètre pouvant aller de 15 à 30 mm. Avant la conception de l’instrument musical, le bâton est d’abord séché, puis poncé avant d’être peint si on le souhaite. Après cela, on fixe une petite rondelle de cuir au niveau de l’extrémité la plus fine de sorte à ce que le bois ne fende pas. On prend enfin une lame pour tailler un tenon au niveau de l’autre extrémité du bois. C’est là que la boucle de la corde sera fixée.

Il faut souligner que l’arc en bois peut se présenter sous deux formes distinctes : le premier est pourvu d’une pointe qui peut servir d’arme de défense tandis que le second est pourvu d’un bout plat. C’est ce dernier qui est aujourd’hui le plus courant.

  • Une « cuerda » ou « arame » :

Autrefois, cette corde était une fibre naturelle, mais aujourd’hui, on utilise un fil en métal. Certains optent pour une corde de piano tandis que d’autres utilisent tout simplement les armatures de pneus usagés. Dans tous les cas, la corde va être tendue entre les deux extrémités de l’arc.

  • Une « cabaça » ou « coité » :

Il s’agit d’une calebasse que l’on fait sécher, que l’on va vider et que l’on va, ensuite ouvrir partiellement. On fixe, à l’extrémité de l’ouverture, un anneau de ficelle de crin ou un lacet que l’on va enfiler sur la partie inférieure de l’arc. La calebasse va servir de caisse de résonance pour amplifier le son.

La petite astuce à retenir : une calebasse plus ouverte donnera un son plus rond c’est-à-dire qu’il va être claquant et ne résonnera que sur une courte durée.

  • Une « baqueta » ou « vareta » :

Il s’agit d’une baguette, traditionnellement en bois de biriba, mais qui peut également être en métal. Bien droite, elle ne mesure qu’une dizaine de centimètre pour un diamètre d’environ 5 mm. La baqueta va servir à frapper la corde et donc à jouer de l’instrument.

Certains utilisent du bois de tucum ou du bambou pour concevoir la baguette, car ces derniers sont plus lourds. Il va de soi qu’avant sa confection, le bois utilisé devra toujours être séché.

  • Un « dobrão » ou « vintem » ou « pedra » :

« Dobrão » et « vintem » se réfèrent à des jetons soit en acier soit en laiton tandis que « pedra » indique seulement une pierre ou un galet. Ces accessoires vont servir à moduler le son de l’instrument. Pour les utiliser, le musicien les colle, les pose ou les détache de la corde L’emplacement va alors réguler automatiquement le son.

Son utilisation est optionnelle, mais certains musiciens en utilisent à chaque fois pour avoir d’autres sons que celui du berimbau proprement dit.

Le « caxixi » est un petit hochet de paille tressée dont le fond est fait de calebasse ou de noix de coco. Une fois l’accessoire réalisé, on y met quelques graines ou des petits coquillages. Lorsque le musicien jouera du berimbau tout en tenant un caxixi (voire deux caxixis) dans la main qui tient la baguette, le contenu du petit panier va donner deux sons distincts : un son claqué lorsque son contenu vient se cogner au fond du hochet et un son plus doux lorsque le contenu vient se cogner à la partie en paille.

Le Berimbau : quelles sont les différentes variantes ?

Berimbau

Il existe de nombreuses déclinaisons du Berimbau à savoir :

  • Le Berimbau-de-boca ou Berimbau-de-bouche : cette variété n’existe plus aujourd’hui, mais il semblerait que c’est la toute première variété ayant existé
  • Le Birimbao : ce modèle existe encore, mais vu qu’il est assez cher, car en métal, il est rarement utilisé
  • Le Berimbau-de-bacia ou Berimbau-de-bassin : cette variété existe toujours. Contrairement au Berimbau utilisé en capoiera, cette dernière est pourvue d’un grand arc tendu entre deux bassines ou deux jerricans. Ce modèle est capable de jouer toutes les mélodies et est utilisé aussi bien en capoeira ou dans d’autres genres musicaux
  • Le Berimbau-de-garriga ou Berimbau-du-ventre : c’est celui qu’utilisent les capoeiristes. Même si ces derniers en sont les principaux utilisateurs, les percussionnistes en musique classique ou en jazz peuvent aussi l’utiliser de temps à autre

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Le Berimbau-de-garriga : trois catégories différentes

Même si le modèle et le principe de fonctionnement restent les mêmes, le Berimbau-de-garriga peut être classé sous trois catégories différentes en fonction du son qu’il donne. Les capoeiristes savent les distinguer facilement en écoutant le son :

  • Le berra-boi ou gunga : ce dernier donne un son assez grave. En général, la calebasse est ici assez grosse et c’est cet instrument qui va donner le rythme de base
  • Le medio ou gunga qui donne un son medium et va permettre une variation des rythmes de bases
  • Le violinha ou viola qui donne un son plus aigu par rapport aux deux précédents. Il permet aussi d’apporter quelques improvisations

Il convient de préciser que la taille de l’instrument n’influe pas vraiment sur le son de l’instrument. En réalité, le timbre est fonction de la raideur du bois de la vergue et de la calebasse.

Le Berimbau : comment on en joue ?

Pour jouer du Berimbau, il faut d’abord apprendre à le tenir. Vu le nombre d’accessoires dont il s’accompagne, le musicien doit maîtriser leur maintien.

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En ce qui concerne l’arc, le musicien doit le tenir avec l’arame dirigé vers l’extérieur tandis que l’ouverture de la cabaça sera orientée vers le ventre en tâchant de poser son anneau de ficelle sur le petit doigt.

Le majeur et l’annulaire, quant à eux, vont s’enrouler autour de la vergue pour qu’il ne bascule pas vers l’avant.

Le pouce et l’index vont tenir le dobrão, mais il faut qu’ils restent mobiles pour pouvoir jouer pleinement de l’instrument.

Avec l’autre main, le musicien va tenir la baguette entre le pouce et l’index tandis qu’il va faire passer le majeur et l’annulaire dans l’anse du caxixi.

Une fois tous les accessoires en place, il va taper la corde avec la baguette, varier les notes avec le dobrão et jouer sur la distance entre l’ouverture de la calebasse et son ventre pour apporter d’autres variations.

Les sons du Berimbau sont appelés « toques ». L’instrument produit trois toques principaux à savoir :

  • Le son cassé ou brisé
  • Le son aigu
  • Le son grave

D’autres sons peuvent être joués, mais ces trois sont les bases utilisées en capoeira.

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Le Berimbau : un incontournable de la capoeira ?

ce qu’il faut savoir sur le Berimbau

Sans Berimbau, il est impossible de faire de la capoeira puisque c’est cet instrument qui va donner le rythme de la danse ou de la lutte.

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Les capoeiristes doivent alors attendre que le musicien entame la musique pour commencer à se mouvoir au sein de la roda. Ils devront ensuite s’adapter aux différents rythmes donnés sans se laisser déstabiliser.

De même, c’est le Berimbau qui va donner la base générale aux autres instruments utilisés. En effet, même s’il en est le pilier, le Berimbau n’est pas le seul instrument musical utilisé dans la capoeira puisqu’il se fait toujours accompagner de l’atabaque et du pandeiro. D’autres instruments peuvent également entrer en scène.

Le Berimbau : propre au Brésil ?

Puisqu’on considère le Brésil comme étant le berceau de la capoeira, on pense également qu’il est le berceau du Berimbau. Plus précisément, la capoeira comme le Berimbau sont considérés comme faisant partie de la culture de Salvador de Bahia, capitale de l’Etat de Bahia étant donné que cette région fut la plaque tournante de l’esclavage au Brésil.

Il faut néanmoins souligner que l’un comme l’autre, ils sont originaires d’Afrique puisqu’importés au Brésil en même temps que les esclaves noirs d’antan.

Cet arc musical serait même l’instrument traditionnel des peuples Kambas, mais il se décline sous différentes formes dans les pays de l’océan indien. On trouve par exemple :

  • Le « bobre » sur l’île de La réunion
  • Le « bomb » aux Seychelles et sur l’île Maurice
  • Le « jejylava » à Madagascar
  • Le « bon » à Rodrigues
  • Le « chitende » au Mozambique

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